Le « principe » n’est pas seulement une notion générale, ni un simple concept philosophique parmi d’autres, mais bien une catégorie transversale qui se noue intimement au processus historique et logique d’auto-constitution de la philosophie comme champ disciplinaire à vocation fondatrice. Elle joue en effet un rôle déterminant dans chacune des dimensions qui organisent et structurent ce champ : comme principe de l’être selon un axe ontologique, comme principe du connaître selon un axe épistémique, comme principe normatif qui règle l’action humaine dans ses dimensions éthiques et politiques.
L’organisation en trois parties de cet ouvrage explore cette structure, d’où le principe tire son efficace comme archè, commencement, fondement, cause, règle, loi, avec pour enjeu les paradoxes et difficultés qui naissent de cette polysémie.
Les auteurs mobilisent pour cela des philosophies canoniques (de Platon et Aristote à Heidegger et Husserl en passant par Descartes, Leibniz, Kant ou Hegel), des épistémologies contemporaines ainsi que certaines perspectives théologiques, afin de comprendre la diversité des modes de légitimation du recours à un dispositif principiel. Les pensées qui prônent une destitution de toute principialité, pour être plus discrètes voire mineures dans l’histoire, ne sont pas moins prises en considération : qu’elles discréditent le principe en posant un absolu au-delà de lui ou qu’elles le reconduisent à l’inconséquence d’une auto-contradiction destructrice, comme le fait le scepticisme, elles confrontent la philosophie au risque de sa propre impossibilité.