Dans sa Politique (II, 2-4), Aristote a sévèrement critiqué la communauté des biens et celle des femmes et des enfants défendues par Platon au livre V de la République. En République, 462a-465b, Socrate soutient notamment que la communauté des gardiens sera cimentée par l’amitié, à quoi Aristote objecte que cette amitié ne peut être qu’une amitié « diluée » du fait même des mesures communautaires préconisées par Socrate (Politique, II, 4). Cet article commence par examiner les arguments d’Aristote à l’encontre de la philia entre les gardiens et montre qu’ils ne tiennent pas compte du long processus de maturation psychologique dans lequel consiste l’éducation des gardiens. L’un des objectifs de leur éducation est en effet de cimenter leurs relations réciproques par la philia, en modifiant radicalement le sens qu’ils se font de l’idée de propriété. Cette forme intense de philia est ensuite comparée à l’amitié civique dont Socrate affirme qu’elle relie gardiens et producteurs par delà leur place respective dans la hiérarchie sociale de la cité idéale.
Articles
« Hiérarchie et communauté : l’amitié et l’unité de la cité idéale dans la République »
Philosophie antique, 17, 2017, 73-100
Voir en ligne : https://doi.org/10.4000/philosant.283