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École normale supérieure

     
Articles

« Ethique de la croyance, scepticisme et pratique. À partir de William Kingdon Clifford »

Revue française d’éthique appliquée, Eres, 2019, A quoi nos croyances nous engagent-elles ?, 8 (2), pp.32-46

[FR] Après un bref rappel de la maxime et des exemples de Clifford, constituant le socle de son éthique de la croyance, nous tentons de rendre à ce dernier le concept de croyance qui est le sien. L’article étudie trois niveaux d’objections à la thèse de Clifford, qui correspondent à autant de contresens à son égard  : on pourrait y voir (a) un mixte instable entre conséquentialisme et universalisme  : Clifford semble à la fois préoccupé par les conséquences de nos croyances et un devoir universel de les justifier  ; (b) une contradiction entre sa maxime et les développements les plus prometteurs de la science  : à ce compte, elle ne semble pas même laisser subsister la doctrine évolutionniste sur laquelle des doutes restent possibles au moment où il écrit  ; et enfin (c) une contradiction avec nos croyances pratiques  : la maxime ne se retourne-t-elle pas contre les notions de bien et de mal, pour lesquelles nous manquons d’evidence, ce qui compromettrait à sa racine l’idée d’une éthique de la croyance  ? Ne se retourne-t-elle pas contre la plupart de nos croyances «  naturelles  » que nous serions bien en peine de justifier  ?

[EN] After a brief reminder of Clifford’s maxim and examples, which provide the basis of his ethics of belief, I focus on his concept of belief. The article examines three levels of objections to Clifford’s thesis, which correspond to as many misunderstandings : (a) some critics have claimed that his thesis involved an unstable mix between consequentialism and universalism : Clifford seems concerned both with the consequences of our beliefs and a universal duty to justify them ; (b) others have diagnosed a contradiction between his maxim and the most promising developments in science : In this respect, it does not even seem to allow the theory of evolution, on which doubts remain possible at the time he writes, to stand ; and finally (c) a contradiction between the thesis and our practical beliefs : Does not the maxim turn against the notions of good and evil, for which we lack evidence, which would compromise at its root the idea of an ethics of belief ? Does it not turn against most of our “natural” beliefs that we would hardly be able to justify ?

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